dimanche 29 janvier 2017

Lettera amorosa

Quelque fois, il suffit d'un rien. C'est souvent le cas avec René Char. D'un presque rien à dire. Voici un extrait de Lettera amorosa.




Nos paroles sont lentes à nous parvenir, comme 
si elles contenaient, séparées, une sève suffisante 
pour rester closes tout un hiver ; ou mieux, 
comme si, à chaque extrémité de la silencieuse 
distance, se mettant en joue, il leur était interdit 
de s’élancer et de se joindre. Notre voix court 
de l’un à l’autre ; mais chaque avenue, chaque 
treille, chaque fourré, la tire à lui, la retient, 
l’interroge. Tout est prétexte à la ralentir.

Souvent je ne parle que pour toi, afin que 
la terre m’oublie.

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