dimanche 22 janvier 2017

Je vais partir maintenant, partir pour Innisfree



William Butler Yeats (1865-1939) est le fils du peintre irlandais John Butler Yeats (1839-1922). Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1923. Il a vécu à Dublin puis à Londres. Une partie de son œuvre est liée à son engagement dans les luttes politiques nationalistes des années 20. Il a fini sa vie en France. Il a beaucoup écrit sur sa terre natale, à partir de légendes irlandaises et avec un imaginaire très riche. Le poème qui suit a été publié dans le recueil « The rose », en 1893.  

Portrait de William par son père (1900)

L’ÎLE DU LAC D’INNISFREE

Je vais partir maintenant, partir pour Innisfree,
J’y construirai une petite hutte d’argile et d’osier,
J’y aurai neuf rangées de fèves, et une ruche qui donne du miel ;
Et je vivrai seul dans la clairière bruissante d’abeilles.

Je goûterai un peu de paix, car la paix coule lentement,
Coule des voiles de l’aube, là où le grillon chante.
Minuit est une lueur, midi un éclat pourpre,
Et des linottes font du soir un envol d’ailes.

Je vais partir maintenant, car j’entends nuit et jour
Tout bas l’eau du lac battre sur la rive.
Que je marche sur la grand-route ou sur les pavés gris,
Toujours je l’entends au tréfonds du cœur.


THE LAKE ISLE OF INNISFREE

I will arise and go now, and go to Innisfree,
And a small cabin build there, of clay and wattles made :
Nine bean-rows will I have there, and a hive for the honey-bee,
And live alone in the bee-loud glade.

And I shall have some peace there, for peace comes dropping slow,
Dropping from the veils of the morning to where the cricket sings ;
There midnight’s all a glimmer, and noon a purple glow,
And evening full of the linnet’s wings.

I will arise and go now, for always night and day
I hear lake water lapping with low sounds by the shore ;
While I stand on the roadway, or on the pavements grey,
I hear it in the deep heart’s core.

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