dimanche 5 juin 2016

De la fidélité envers sa vraie nature

La sagesse de Confucius (551 av. JC - 479 av. JC) est souvent présentée comme issue d'une doctrine du juste milieu, frappée de bon sens. Mais si ce n'était que cela, sa philosophie aurait-elle traversé 25 siècles ? De qui, chez nous, entendra t-on encore parler dans 2500 ans ? Précisément, peut-être de quelqu'un, encore inconnu, qui s'applique à étudier et à suivre ce que Confucius a enseigné.  

Voici un des enseignements de Confucius (qui, au passage, nous permet de réviser la conjugaison des verbes à l'impératif) :

Si ceux qui occupent une position inférieure ne peuvent avoir confiance en leurs dirigeants, le gouvernement du peuple est une impossibilité.
Une seule chose rend possible la confiance en l'autorité d'un magistrat : un homme n'a t-il pas la confiance de ses amis, il ne se fiera pas lui-même à ses supérieurs.
Une seule chose rend possible la confiance des amis : si un homme n'a pas d'affection pour les siens, ses amis ne peuvent avoir confiance en lui.
Une seule chose rend possible l'amour des siens  : celui qui au fond de son cœur n'est pas fidèle à sa vraie nature, n'aura pas d'affection pour les siens.
Une seule chose rend possible la fidélité envers sa vraie nature : un homme ne peut être fidèle à sa vraie nature qu'à condition de connaître ce qui est bien.

Être fidèle à sa vraie nature, c'est la loi divine ; s'efforcer de l'être, c'est la loi humaine.
Celui qui est naturellement fidèle à sa vraie nature trouve sans effort ce qui est juste, comprend sans réfléchir longuement ce qu'il désire savoir. Sa vie se conforme sans peine et spontanément à la loi morale. Cet homme-là est un saint ou a une nature divine. Un autre s'efforce de parvenir à cette connaissance et, lorsqu'il l'a trouvée, il s'y attache fermement.

Pour apprendre à être fidèle à sa vraie nature, il faut posséder une connaissance étendue de ce qui a été dit et fait dans le monde ; puis, après l'avoir passée au crible de l'esprit critique, de la méditation et de la raison, l'appliquer sérieusement.

Ce que l'on apprend importe peu ; mais n'abandonne jamais une étude commencée avant de la dominer.
Ce que l'on recherche importe peu ; mais lorsque tu te livres à une recherche, ne l'abandonne jamais avant d'en avoir profondément pénétré l'objet.
Qu'importe le sujet de ta méditation ; mais lorsque tu as commencé, poursuis ta méditation jusqu'à ce que tu aies obtenu ce que tu désires.
Qu'importe ce que tu cherches à éclaircir ; mais lorsque tu as examiné une chose, ne l'abandonne plus que tu ne l'aies élucidée.
Qu'importe ce que tu essayes d'accomplir ; mais une fois que tu t'es proposé une tâche, n'aie pas de repos que tu ne l'aies menée à bien.
Là où un autre aura réussi d'un seul coup, il te faudra peut-être une centaine d'efforts et là où un homme aura réussi à la dixième tentative, tu ne réussiras peut-être qu'à la millième.

En procédant de la sorte, un homme lent d'esprit deviendra intelligent, un homme faible deviendra fort.

Celui qui part de son vrai moi pour parvenir à la connaissance a suivi la voie de la nature. Celui qui part de la connaissance pour aboutir à son vrai moi a suivi la voie de la culture. Celui qui est fidèle à sa vraie nature possède en même temps la connaissance et celui qui a la connaissance trouve en même temps sa vraie nature.

Extrait de "La sagesse de Confucius" de LIN Yutang (Picquier poche, 2015, p. 149), trad. de l'anglais par Th. Bridel-Wasem

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