Et voici deux poèmes pour accompagner une mission de travail en Argentine, à Buenos-Aires, dans la pampa et à Santa Fe.
Aujourd’hui je n’ai rien fait.
Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.
Des oiseaux qui n’existent pas
ont trouvé leur nid.
Des ombres qui peut-être existent
ont rencontré leurs corps.
Des paroles qui existent
ont recouvré leur silence.
Ne rien faire
sauve parfois l’équilibre du monde,
en obtenant que quelque chose aussi pèse
sur le plateau vide de la balance.
Robert Juarroz, treizième poésie verticale, édition
bilingue, traduction Roger Munier, José Corti 1993, p. 120/121
pero muchas cosas se hicieron en mí.
Pájaros que no existen
encontraron su nido.
Sombras que tal vez existan
hallaron sus cuerpos.
Palabras que existen
recobraron su silencio.
No hacer nada
salva a veces el equilibrio del mundo,
al lograr que también algo pese
en el platillo vacio de la balanza.
Et puis un autre...
Inaugurer la transparence,
voir à travers un corps, une idée,
un amour, la folie,
distinguer sans obstacle l'autre côté,
traverser de part en part
l'illusion tenace d'être quelque chose.
Non seulement pénétrer du regard dans la roche
mais ressortir aussi par son envers.
Et plus encore:
Inaugurer la transparence
c'est abolir un côté et l'autre
et trouver enfin le centre.
Et c'est pouvoir suspendre la quête
parce qu'elle n'est plus nécessaire,
parce qu'une chose cesse d'être interférence
parce que l'au-delà et l'en-deçà se sont unis;
Inaugurer la transparence
c'est te découvrir à ta place
Poesia Vertical, ( IX, 37), Points - Fayard
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