dimanche 15 mai 2016

Nos paroles et nos idées ne nomment qu'un univers d'ombres

On pourrait presque dire que la vie de Kathleen Raine (1908-2003) aura été faite de 95 années de poésie. Poétesse britannique, ses poèmes parlent souvent de la nature, de quelque chose de transcendant, d'images remontées de l'enfance. Sa poésie est difficile à classer et le mieux est encore de la lire (en anglais ou en français).

Le titre de ce billet est tiré du poème "Le langage des oiseaux"

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Seen in a glass

Behind the tree, behind the house, behind the stars
Is the presence that I cannot see
Otherwise than as house and stars and tree.

Tree, house and stars
Extend to infinity <ithin themselves
Into the mystery of the world

Where whirl the wheels of power whose pulse beat
Out of nothing, out of night,
Leaves, stones and fires,

The living tree whose maypole dance
Of chromosome and nucleus
Traces the maze of boughs and leaves,

The standing house of stone that poured
In molten torrent when was hurled
Out of chaos this great world,

And suns <hose kindling gegins anew
Or ends the course that tree, house, world ùove through

Upheld by being that I cannot know
In other form than stars and stones and trees
Assume in nature's glass, in nature'eyes.

Vu dans un miroir

Derrière l'arbre, la maison, les étoiles,
Il y a la présence que je ne peux voir
Autrement que maison, arbre ou étoiles.

Arbre, maison, étoiles
S'étendent à l'infini à l'intérieur d'eux-mêmes
Dans le mystère du monde

Où tournent les roues de la Puissance dont bat le pouls
Issu de rien, issu de la nuit,
Feuilles, pierres et feux,

L'arbre de fête vivant autour duquel la danse
- Chromosomes, noyaux d'atomes -
Trace un dédale de branches et de feuilles,

La maison de pierre, dressée, qui s'est désagrégée
Dans le torrent en fusion quand fut précipité
Hors du chaos ce vaste monde,

Et les soleils dont l'embrasement fait renaître
ou s'achever la course que l'arbre, la maison et le monde traversent,

Maintenus par l'Etre que je ne peux connaître
Sous une autre forme que les étoiles, les pierres et les arbres
Dans le miroir de la nature, dans les yeux de la nature.

Kathleen Raine, Isis errante, éd. granit, 1978, pp. 50-53, trad. François Xavier Jaujard





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