dimanche 19 avril 2015

Etre tigre et gazelle à la fois

L'idée m'est venue en lisant une biographie de Karl Polanyi (1886-1964). Ce grand économiste qui a découvert les moyens de changer le monde, mais qui, comme on s'en doute, ne fut pas écouté, a écrit au moins deux grands livres qui ont beaucoup compté et comptent encore beaucoup pour le programme de recherche Lascaux : "La grande transformation" (Gallimard, Tel, 2009) et "La subsistance de l'homme : la place de l'économie dans l'histoire et la société", Flammarion, Bibliothèque des savoirs, 2011.

Dans ce dernier livre, publié après sa mort, on trouve une brève biographie de l'auteur, rédigée par Ilona Duczynska Polanyi, son épouse. Et cette biographie se termine ainsi :

Karl Polanyi est mort le 23 avril 1964. Il a travaillé jusqu'au dernier jour de sa vie. Sur son cercueil furent récités des vers d'Attila Jozsef (1905-1937), des vers adressés à ce dieu obscur qu'il gardait caché au loin, qu'il tenait à l'écart de toutes ses affaires :

          "Mon Dieu je t'aime très tendrement
          Si tu étais un jeune vendeur de journaux,
          Je t'aiderais à les crier dans la rue"

Cela m'a donné envie, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Karl Polanyi, de faire connaître Attila Jozsef (http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/jozsefattila/attilajozsef.html) et de proposer aujourd'hui un bref poème de celui-ci :


Je ne veux qu'un lecteur pour mes poèmes :
Celui qui me connaît - celui qui m'aime -
Et, comme moi dans le vide voguant,
Voit l'avenir inscrit dans le présent.
Car lui seul a pu, toute patience,
Donner une forme humaine au silence.
car en lui seul on peut voir comme en moi
S'attarder tigre et gazelle à la fois.

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