A présent, oui, voici le silence de la mer. Les oiseaux se sont tus. Les oiseaux morts ne chantent pas. Sternes, cormorans, goélands, macareux, nous ne les verrons plus entre l'Ile Vierge et Bréhat, se lancer dans les vents. Et les grèves rieuses, il nous faudra aussi attendre longtemps avant que les marées basses ne délivrent leur éclat pour la joie des gosses et le plaisir de nos yeux. Mon vieux, mon cher pays, comme te voilà souillé, défiguré, toi qui étais le triomphe même de la poésie quand les vagues battaient tes brisants, toi qui étais la douceur même du monde quand le soleil se mêlait à la mer dans l'intimité de tes golfes.
Longtemps les glas ont vibré avec leurs milliers de cloches
Oui, la Bretagne se tait. Toutes les plaies qui saignent sur ses bords et qu'elle s'obstine à laver de ses mains rudes et noires, lui donneront l'exacte intelligence d'un destin que nous voudrions plus libre et plus prospère. Avec des milliers d'oiseaux ressuscités, un jour reviendra le printemps.
Alors, le silence de la mer apparaîtra comme le signe d'une féconde méditation. Notre fierté basculera dans les vents, les pierres odieuses du tombeau. Car, enfin, si nous nous taisons, ce n'est que pour mieux chanter...
6-IV-78
Xavier Grall, Les vents m'ont dit , éd. Cerf-La Vie, 1982.
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