dimanche 31 août 2014

A la mémoire de Samih Al Qasim, décédé le 19 août 2014

Je résisterai

Par Samih Al Qasim, poète palestinien décédé ce 19 août. 
Il était le frère en poésie de Mahmoud Darwich (dont j'ai publié un poème le 9 août dernier).


Samih Al Qasim (debout) avec Mahmoud Darwich (source photo : Al Huffington Post)


Je perdrai peut-être – si tu le désires – ma subsistance
Je vendrai peut-être mes habits et mon matelas
Je travaillerai peut-être à la carrière comme porte faix, balayeur des rues
Je chercherai peut-être dans le crottin des grains
Je resterai peut-être nu et affamé
Mais je ne marchanderai pas
O ennemi du soleil
Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.

Je résisterai

Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre
Tu jetteras peut-être ma jeunesse en prison
Tu pilleras peut-être l'héritage de mes ancêtres
Tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres
Tu jetteras peut-être mon corps aux chiens
Tu dresseras peut-être sur notre village l'épouvantail de la terreur
Mais je ne marchanderai pas
O ennemi du soleil
Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.

Tu éteindras peut-être toute lumière dans ma vie
Tu me priveras peut-être de la tendresse de ma mère
Tu falsifieras peut-être mon histoire
Tu mettras peut-être des masques pour tromper mes amis
Tu élèveras peut-être autour de moi des murs et des murs
Tu me crucifieras peut-être un jour devant des spectacles indignes
O ennemi du soleil
Je jure que je ne marchanderai pas
Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines
Je résisterai.

Samih Al Qasim (source photo : Al Huffington Post)

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