dimanche 11 mai 2014

Taras Hryhorovytch Chevtchenko 1814 - 1861

Ca m’est bien égal
Que je vive en Ukraine ou non,
Après tout, ça m’est bien égal.
Que l’on se souvienne de moi,
Que l’on oublie mon existence,
Moi dans la neige à l’étranger,
Après tout, ça m’est bien égal.
J’ai grandi dans la servitude
Et c’était chez des étrangers,
En esclavage je mourrai
Sans voir les larmes de mes proches.
Тарас Шевченко
De ma vie ne restera pas
La moindre trace, pas de signe
Dans notre valeureuse Ukraine
Dont la terre n’est pas à nous.
Père et fils m’auront oublié ;
Le père ne lui dira pas :
« Prie, mon fils, prie Dieu pour l’Ukraine. »
On l’avait tourmenté jadis,
Martyrisé jusqu’à la mort.
Ça m’est bien égal si son fils
Fait ou ne fait pas ses prières.
Mais cela ne m’est pas égal
Que par des hommes faux, méchants,
Notre Ukraine soit endormie
Et qu’après l’avoir dépouillée
Ils la réveillent par le feu.
Non ! Cela ne m’est pas égal.

Le Testament, St-Petersbourg (en prison), 1847

"En 1840, à 26 ans, Taras Chevtchenko publie ses premiers poèmes dans Kobzar. Sa poésie est empreinte de lyrisme. Deux ans plus tôt, le serf avait obtenu sa liberté. Il doit alors tout apprendre et très vite. Mais à 32 ans, à l’amorce de sa maturité d’écrivain, le tzar le condamne en 1846 à un dur exil pénitencier et lui interdit l’usage de tout papier, plume et pinceau. Libéré 11 ans plus tard en 1857, les privations et d’exigeants travaux physiques ont délabré sa santé. L’Ukraine lui est défendue. Exilé, ses derniers quatre ans de vie se partagent entre Novgorod et Saint-Pétersbourg. Malgré toutes ces entraves, son œuvre littéraire compte environ 900 écrits".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire