vendredi 18 avril 2014

Sarajevo, 1992-1996

Je franchis la porte avec la peur au ventre
Il fait du soleil mais le vent
décoiffe mes cheveux longs
La terre m'est légère  
Ma terre, Sarajevo

Un bidon vide et sale dans chaque main
Des bidons gris, c'est tout c'qu'on a
Pour chercher l'eau des vivants
Au bourbier du quartier 
Ma terre, Sarajevo

Il faut éviter les balles meurtrières
à la loterie des fenêtres
passer d'vant les malchanceux
qui cour' pas assez vite
Ma terre, Sarajevo

Y'a qu'la rue à traverser on a d'la chance
d'habiter auprès de la source
Il y a eu tant de morts
Qu'avaient loin à aller
Ma terre, Sarajevo

Quand je mets l'pied sur la chaussée défoncée
je regarde à gauche et à droite
J'ai pas peur d'être écrasé
Mais j'rêve la liberté
Ma terre, Sarajevo

Au milieu d'la rue comme au milieu d'la mer
on a froid malgré le soleil
chaviré loin de chez soi
sans les prières aux lèvres
Ma terre, Sarajevo

De l'aut' côté d'la rue mes bidons s'ront pleins
Un bout d'chaussée un bout d'trottoir
C'est c'qui m'reste à traverser
pour une eau transitoire
Ma terre, Sarajevo

J'ai pas vu l'éclat du métal j'regardais
un caillou blanc qui avait l'air
de revenir de la mer
j'étais si loin d'ici
Ma terre, Sarajevo

Pardonnez-moi j'l'ai pas entendu partir
c'est pas d'ma faute si y'a du rouge
qui tache mon caillou blanc 
sur le noir du bitume
Ma terre, Sarajevo

FD

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